Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/282

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PIERRE. — Je sais que tu es la fille la plus raisonnable qu’il n’y ait pas ! Mais ça ne coûte pas bien gros, et ça me fera plaisir de te voir porter ça.

MANICHE. — Qu’est-ce que ça sera donc ?

PIERRE. — Devine !

MANICHE. — C’est peut-être un parapluie ?

PIERRE. — Juste ! je savais bien que tu désirais ça ! Eh bien, tu l’auras ! Je veux que ma femme aille à la foire avec un parapluie sous son bras.

MANICHE. — Ma foi, c’est vrai que j’y ai souvent songé !

PIERRE. — De quelle couleur que tu le veux ? rouge ou bleu ?

MANICHE. — M’est avis que le bleu sera plus de durée.

PIERRE. — Oui, mais le rouge, c’est plus réjouissant.

MANICHE. — Eh bien oui, rouge, puisque ça te plaît mieux. Je le ménagerai un peu plus. Je ne l’ouvrirai ni au soleil ni à la pluie, quoi !




SCÈNE VIII


Dans le parc de Noirac


FLORENCE, GÉRARD.

GÉRARD. — Ah ! c’est vous, Marigny ?… Écoutez, écoutez, je vous en prie !

FLORENCE. — Je vous croyais avec madame de Noirac.

GÉRARD. — Oui, elle était là, elle me parlait. J’ai été atterré… Elle me quitte blessée, elle me donne une heure pour réfléchir… et après cela…

FLORENCE. — Que me racontez-vous là, mon cher marquis ? Avons-nous jamais été assez liés pour que vous me preniez ainsi pour votre confident, surtout aujourd’hui que nos relations doivent être nécessairement changées ?

GÉRARD. — Pas du tout. Elles ne le seront pas par mon fait. D’ailleurs, vous savez tout ; on vient de me le dire, on m’a tout raconté.