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PROCOPE LE GRAND.

les États de Prague s’assemblèrent, et résolurent d’envoyer à l’Empereur des propositions qui sans doute n’eussent pas été du goût de Procope ; car les Orphelins et une partie des Taborites s’opposèrent à cette résolution, et proclamèrent avec une sainte fureur qu’un peuple libre n’avait pas besoin d’un roi. Les hostilités entre les partis des deux villes de Prague recommencèrent. Les négociations furent rompues, et Procope, averti sans doute de l’espèce de trahison qui tendait à le compromettre, revint à Prague sans rien conclure avec l’Empereur. Il rétablit la paix dans la capitale, et se joignant aux Orphelins avec son armée, il résolut, pendant que les Orébites iraient fourrager les districts de Glatz, de faire irruption dans la Misnie. Il harangua ses soldats en les appelant, comme faisait Ziska, ses très-chers frères, et les ayant enflammés de l’ardeur qui le remplissait, il passa l’Elbe et alla s’emparer de la vieille ville de Dresde. Repoussés par une surprise nocturne, les Bohémiens allèrent le long de l’Elbe, brûlant en chemin les pressoirs, dégâtant les vignes et pillant les villages. Ils entrèrent dans Meissen, et emprisonnèrent l’évêque Jean Hoffmann, qui avait voté la mort de Jean Huss à Constance. Ils remplirent de terre les puits et les fosses métalliques de Scharffenberg, et bouchèrent les veines et canaux des mines. Après quoi ils continuèrent à remonter l’Elbe, pillant et brûlant tout, jusqu’à Torgau et à Magdebourg. De là, ils jetèrent un pont sur le fleuve, passèrent dans la Lusace et dans la marche de Brandebourg, réduisirent Gouben en cendres, assiégèrent Gorlitz, et Bautschen, qui se défendit vigoureusement et finit par se racheter pour une forte somme. Ils rentrèrent en Bohême à l’époque de Noël, avec de riches provisions ; dès le commencement de 1430, ils s’apprêtèrent à de nouvelles excursions. Ils se parta-