Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/266

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je vous prie, souvenance des égards que je vous montre, lesquels ne méritent point l’injure que vous me faites en me proposant de venger, en ma place, l’odieuse mort de mon frère chéri. Allons, je crois que voilà assez de paroles, et je suis à bout de patience. Votre M. de Villareal en a plus que moi, lui qui écoute tout ceci sans trouver un mot à dire !

Guillaume vit que les choses étaient gâtées au point que tout accommodement devenait impossible, et, trouvant, pour son compte, que la patience était beaucoup trop revenue à d’Alvimar, il se retourna vers lui et lui dit avec vivacité :

— Voyons, mon cher, répondez donc ; je ne dis point à ce défi, qui n’est pas fondé, mais à une accusation que vous ne pouvez pas mériter.

D’Alvimar avait réfléchi pendant le débat. Il affecta dès lors un calme dédaigneux et ironique.

— J’accepte le défi, monsieur, répondit-il, et je ne pense pas avoir grand mérite à le faire, étant, comme vous savez, de première force à toutes les armes. Quant à l’accusation, elle est si ridicule et si injuste, que j’attends pour la repousser que vous me l’expliquiez vous-même ; car je ne sais point encore ce que le marquis vous a dit de moi, vous parlant à l’oreille, et je souhaite qu’il le répète tout haut.

— Je le veux bien, et ce ne sera pas long, répliqua Bois-Doré. J’ai dit que vous étiez bandit, assassin et larron. Vous en voulez davantage, mais, moi, je ne puis rien trouver de pis contre vous que la vérité.

— Vous me dites-là d’étranges douceurs, monsieur le marquis ! reprit l’Espagnol froidement. Vous m’avez déjà régalé, en votre logis, d’une lugubre histoire où il vous a plu de faire tuer par moi monsieur votre frère.