Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/119

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prudemment Mario ; je cherche s’il y a ici quelque chose à manger ; j’ai faim.

— Ça m’est fort égal, mon petit. Nous aussi, nous avons faim, et nous attendons que le capitaine nous donne l’ordre de manger.

Mario n’avait pas faim. Il était fort inquiet. Il apercevait dans la pièce du fond, qui était une sorte d’office et de garde-manger, maîtresse Pignoux et sa servante allant et venant d’un air affairé. Il lui sembla que madame Pignoux le voyait et qu’elle le reconnaissait, et même qu’elle parlait à la servante, comme pour l’avertir de se taire sur cette découverte.

Mais tout cela pouvait bien être une illusion, et Mario guettait le moment où Saccage aurait le dos tourné pour tâcher d’échanger un mot ou un regard avec l’hôtesse. Il savait que son père et lui étaient adorés dans la maison.

Il prit le parti de faire semblant de s’endormir, et bientôt Saccage sortit pour donner des ordres.

Alors l’enfant s’élança vers madame Pignoux en lui disant :

— C’est moi ! ne dites rien ! Où est mon père ?

— Là-haut ! répondit à la hâte madame Pignoux, qui, bien que vieille, était encore maîtresse femme, ayant bon pied, bon œil.

Elle montrait à Mario l’escalier de bois qui conduisait à la salle à manger, dite salle d’honneur de l’auberge du Geault-Rouge.

Mais, comme l’enfant y grimpait déjà :

— Point ! dit-elle en le retenant ; ils ne savent pas qu’il est ici ! Ne bougez, mon jeune maître ! Ils le tueraient !

— Qui sont donc ces gens-là ?