Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Du méchant monde ! Savez-vous ce que c’est que des arêtes ?

— Non !… Attendez !… Vous voulez peut-être dire… des reîtres ?

— Oui, c’est ça ! Mon valet Jacques, qui a servi, les a bien reconnus. C’est des bandits qui mettent tout à feu et à sang où ils passent.

— Pourtant, ils ne vous ont pas fait de mal ?

— Non ; ils veulent manger et boire ; après quoi, Dieu sait s’ils ne brûleront pas la maison, et nous avec ! C’est comme ça qu’ils payent leur dépense !

— Madame Pignoux, il faut que mon père se sauve d’ici ! Comment faire ?

— Pas possible à présent ! Ils gardent les portes de tous les côtés, et votre papa n’est plus d’âge à sauter par les fenêtres. D’ailleurs, à quoi bon ? La maison est entourée, et ils ne nous laissent pas seulement aller au poulailler et à la cave sans nous marcher sur les talons.

— Mais, au moins, il faut cacher mon père ! Ah ! je suis bien sûr, à présent, que c’est à lui qu’ils en veulent ! Où est-il ?

— Dans la chambre de mon homme, qui, par bonheur, n’est point céans ! Il a été faire un repas de noces à La Châtre et ne reviendra que demain. Ils l’ont demandé par son nom !

— Qui ? mon père ?

— Non, mon homme ! Voyez un peu comment il se fait qu’ils le connaissent ! J’ai dit qu’il était malade, et je l’ai dit bien fort, pour que votre papa l’entendît de là-haut. J’espère qu’il aura eu l’idée de se mettre dans le lit.

— Et eux, ils n’ont pas eu l’idée de monter ?

— Si fait, ils ont regardé la salle d’honneur, et ils ont dit…