Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/121

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— Mais ils reviennent ? taisons-nous, dit Mario.

Et il courut reprendre son coin dans la cuisine et son attitude assoupie.

— Allons, vieille sorcière, dépêchons-nous ! s’écria Saccage, qui rentrait accompagné de deux de ses acolytes ; mettez le couvert, et servez-nous du meilleur. Voici le capitaine Macabre qui arrive. Vous autres, dit-il à ses soldats, vous ferez observer la consigne : Silence et patience ! Personne ne songera à manger avant que le capitaine soit à table. Le capitaine s’arrête ici pour faire un bon souper, et n’entend pas qu’on pille le garde-manger pour ne laisser que les os à lui et à ses officiers. Souvenez-vous de ceux qui ont été pendus à Linières pour avoir fait main-basse sur les provisions. Allez ! — J’ai parlé français pour vos oreilles, madame la guenon, ajouta-t-il en s’adressant à l’hôtesse dès que ses soldats furent sortis ; c’est pour que vous sachiez qu’il ne s’agit point ici de pleurnicher et de pousser des soupirs… Travaillez bien et mettez la broche. Allons ! et, si le rôt brûle par votre faute, gare à votre vieille carcasse !

— Et comment voulez-vous que je me dépêche, étant à peu près seule pour tout faire ? dit madame Pignoux sans s’émouvoir des injures. Nous ne sommes ici que deux vieilles femmes. Faites-moi rendre mon valet pour qu’il mette le couvert ; je ne peux pas être en haut et en bas en même temps, peut-être ?

— Ton valet est suspect, la vieille. Il a eu l’air de se sauver en nous voyant, et il a ensuite essayé de cacher l’avoine. Il a reçu une bonne volée, et, à présent, il travaille pour nous.

— Eh bien, et ce galopin-là ? reprit l’hôtesse, qui parlait tout en embrochant ses volailles ; est-il de votre bande ? ne saurait-il m’aider ?