— Aide-la, vaurien, dit Saccage à Mario, et travaillons proprement !
Mario se leva avec une nonchalance affectée, en demandant ce qu’il fallait faire.
— Eh ! va-t’en là-haut, avec la servante, s’écria madame Pignoux, et mettez vivement la nappe !
Mario monta et dit à la servante :
— Mon père ? la chambre où il est ? Vite !
Elle le conduisit au second étage, et l’enfant gratta légèrement à la porte, qui était fermée et verrouillée en dedans.
Le marquis reconnut aussitôt cette petite main, qui grattait ainsi tous les matins à la porte de sa chambre à coucher.
— Oh ! Dieu ! s’écria-t-il en ouvrant vite, toi ici ? Mais ce costume, qu’est-ce à dire ? Avec qui es-tu venu ? comment ? pourquoi ?
— Je n’ai pas le temps de m’expliquer, répondit Mario. Je suis seul ; je veux que tu te sauves d’ici. Fais comme moi, père, déguise-toi !
— Tiens, c’est vrai ! dit la servante, voilà les affaires de notre maître ; mettez-vous-les dessus, monsieur le mar…
— Pas de marquis ! dit Mario ; va-t’en, ma bonne fille ; et vous, mon père, vous serez maître Pignoux.
— Mais pourquoi me montrer ? observa le marquis, tout en défaisant machinalement son pourpoint ; je ne saurai pas comme vous, mon fils, jouer la comédie qu’il faudrait !
— Si fait ! si fait, père ! Mais, dites-moi, ne connaissez-vous pas un reître qui s’appelle Macabre ? Je vous ai, je crois, entendu dire quelquefois ce nom-là.
— Macabre ? Oui, certes, je connais ce nom-là et l’homme aussi, si c’est le même qui…