Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/131

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à telles enseignes qu’un jour, je vous fricassai un vieux chapeau dont vous vous léchâtes la barbe.

— C’est possible ; je me souviens du chapeau, qui était bon, et non de toi, qui est laide… Mais, si tu as servi la bonne cause, je te pardonne ton caquet.

— Et qu’est-ce que vous appelez la bonne cause, à présent ? Car vous en avez changé tant de fois, vous et les vôtres !

— Taisez-vous, ma mie Bonbec. Je ne parle pas religion avec les gens de votre espèce.

— Sachez, d’ailleurs, dit Saccage en ricanant, que la bonne cause est toujours celle que nous servons !

— Mais est-ce l’heure de babiller, reprit Macabre, quand ma Proserpine s’avance et que je vous commande de vous hâter ?

— Je ne peux pas aller plus vite, répondit la Pignoux ; pourquoi m’avez-vous fait monter ?

— Parce que j’entends que ton mari, que l’on dit être un queux recommandable, se lève, crevé ou non, et mette la main à la pâte.

— Ça ne se peut point ; mon homme est perclus de douleurs et ne cuisine plus depuis longtemps.

— Vous mentez, ma mie ; votre homme est un suppôt du vieux… Suffit ! je sais de vos nouvelles ; mon épouse m’a dit…

— De quel vieux voulez-vous parler ?

— Je crois que vous me questionnez, valetaille ? dit le capitaine avec une dignité burlesque qu’il affectait de bonne foi.

— Pourquoi non ? reprit l’hôtesse. Et votre épouse, comme vous dites, qui donc est-elle, pour vous avoir si bien renseigné ?

— Retenez votre langue, et quand viendra ma déesse,