Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/132

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servez-la à genoux, dit Macabre avec un sourire de fatuité qui fit remonter sa bouche de guingois jusqu’à son œil gauche.

Puis, revenant à son idée fixe, qui était de bien manger et de bien régaler sa déesse, il insista pour faire lever l’hôtelier.

— Par l’enfer ! dit Saccage en tirant son épée, ça n’est pas difficile ; j’ai toujours ouï dire qu’il fallait larder les côtés malades pour leur donner du jeu, et je saurai bien dénicher ce prétendu moribond en quelque trou qu’il se terre ! Venez avec moi, les estradiots ! et piquez partout, que ce soit chair ou moellon.

— C’est inutile, dit Mario en se jetant au devant de la rapière dégaînée, je vais le chercher ; je sais où il est maître Pignoux !… Je le connais, et quand je lui dirai qu’il a l’honneur de recevoir le capitaine Macabre en personne, il viendra tout de suite.

— Ce petit-là est gentil ! dit Macabre en regardant sortir Mario. Il faut que je le donne à mon épouse pour la servir. Elle me demande tous les jours un page bien tourné.

— Vous ne ferez rien d’un bohème, dit Saccage. Celui-ci a l’air insolent et moqueur.

— Vous vous trompez ! je le trouve gentil, moi ! reprit le capitaine, qui n’aimait pas à être contredit trop longtemps, et avec qui le lieutenant avait un peu trop son franc parler depuis quelques jours, pour des causes que nous saurons bientôt et dont Macabre commençait à se douter.

Le marquis, inquiet de Mario, se tenait dans un petit couloir près de la salle d’honneur et s’efforçait de tout entendre ; mais son oreille ne saisissait que des bribes de conversation, et Mario, en courant le chercher, se