Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/140

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— Peut-être deux cents cavaliers ! dit Mario espérant épouvanter son homme.

— La mèche est donc éventée ? reprit celui-ci un peu ébranlé.

— Il paraîtrait !

Le capitaine parut réfléchir, autant que sa figure de pierre, ou plutôt de corne, pouvait indiquer une préoccupation morale.

Le cœur de Mario battait sous sa souquenille. Un instant il espéra que sa ruse allait aboutir et que Macabre se déciderait à rebrousser chemin. Mais le capitaine se mit à parler allemand avec ses estradiots, qui sortirent aussitôt, et Macabre reprit sa pose gracieuse, une jambe sur la tête du landier, l’autre sur la chaise que le lieutenant avait quittée.

Mario se hasarda à l’interroger.

— Eh bien, mon capitaine, lui dit-il, vous allez reprendre le chemin ?…

— De Linières ? Non pas, ma foi, mon petit singe ! Mes chevaux sont las et mes gens aussi. Moi, j’ai si mal dormi à Brilbault, la nuit dernière, que je veux me refaire ici. Malheur à qui viendra m’y déranger !

Ces projets de sommeil firent encore renaître l’espoir chez Mario.

— Si ces gens sont bien las, pensa-t-il, il y aura un moment où nous pourrons nous échapper.

Il ne comptait pas, comme le marquis, sur l’arrivée de ses amis et de son monde. Pilar, en les avertissant de la prise de la basse-cour de Briantes, devait être cause qu’ils y courraient tous à l’instant même, comptant rencontrer le marquis dans la même direction ; car la petite bohémienne, qui avait l’esprit plus net que son âge ne le comportait, ne manquerait pas de