Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/141

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leur dire que Mario était parti de son côté pour avertir son père.

Comme il faisait ces réflexions en lui-même, le lieutenant Saccage rentra, et, s’adressant à Macabre, qui s’assoupissait devant le feu :

— Capitaine, dit-il d’un ton moitié humble, moitié arrogant, permettez-moi de vous dire que, grâce à votre idée de nous faire marcher par petites bandes, nous perdons le temps ; votre femme et son monde n’arrivent point, et, si vous restez longtemps à table, comme de coutume, tout peut échouer. Il s’agirait de ne point banqueter, de manger vite, de dormir deux heures et d’aller de l’avant sans donner le temps aux passants de porter devant nous la nouvelle de notre arrivée.

— Supprimez les passants ! répondit tranquillement Macabre. N’est-ce point chose convenue ? Vous n’aurez pas grand’besogne, car nous n’avons pas rencontré un chat depuis Linières, et ce pays est vide comme une église en 62. Mais ce sont là paroles inutiles. J’entends la voix de ma Proserpine. Elle arrive ! allons au devant d’elle !

En parlant ainsi, Macabre se leva avec effort et descendit à la cuisine.

— Le capitaine vieillit ! dit en italien Saccage à un des maréchaux-ferrants qui étaient restés devant la porte, plantés comme des statues.

— Non, répondit le reître, il a pris femme, et c’est pire ! On ne songe plus qu’à faire la noce, et on ne sait plus marcher quand il faudrait.

Mario, qui apprenait l’italien avec Lucilio, comprit à peu près ces paroles, et suivit le lieutenant et les deux reîtres à la cuisine.

Dès qu’il y fut, sans s’occuper du renfort d’arrivants