Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/167

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— Mets-moi à terre, lui disait l’enfant, nous courrons mieux. Je t’en prie, mets-moi à terre !

Mais la marquis croyait entendre armer derrière lui les terribles pistolets à pierre, et il voulait faire de son corps un rempart à son fils.

Il se décida à le laisser courir aussi quand il se vit hors de portée ; et tous deux se hâtèrent vers le taillis où se cachait le toit demi-écroulé de l’ancienne hôtellerie.

Chemin faisant, ils virent courir aussi madame Pignoux et sa servante. Ces deux vieilles leur firent peine. Mais les appeler, c’était les perdre et se perdre avec elles. Elles coupèrent à travers champs, se dirigeant vers quelque cachette apparemment connue d’elles comme un bon refuge.

Les beaux messieurs de Bois-Doré sautèrent sur leurs chevaux et se gardèrent bien de descendre le Terrier par la route. Ils enfilèrent un de ces chemins étroits et bordés de hauts buissons de prunelliers qui serpentent entre les enclos.

La bataille des reîtres pouvait cesser brusquement. Ils étaient bien montés et capables de serrer de près leur proie ; mais le galop léger de Rosidor et de Coquet faisait peu de bruit sur la terre détrempée, et le chemin qu’ils suivaient se croisant avec les autres, les poursuivants devaient se séparer en plusieurs groupes pour chercher à les atteindre.

Il s’agissait avant tout, de gagner du terrain ; aussi les Bois-Doré ne songèrent-ils d’abord qu’à dérouter l’ennemi en s’enfonçant au hasard dans ce dédale de traînes boueuses qui s’encaissaient de plus en plus, à mesure qu’elles touchaient au fond de la vallée.