Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/207

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êtes possesseur fiduciaire, je ne souhaiterais rien de plus.

— Soit, répondit Bois-Doré, à la condition que vous me donnerez, sur ce qui s’est passé à Brilbault, de sincères éclaircissements. Je ne vous fatiguerai point de questions inutiles : je sais les trois quarts de ce que vous savez vous-même. Je ne souhaite connaître qu’une chose : c’est si M. d’Alvimar vous a confessé l’assassinat de mon frère.

— Vous me demandez là de trahir le secret de la confession, répondit M. Poulain, et je m’y refuserais, comme c’est mon devoir, si M. d’Alvimar, sincèrement repentant à sa dernière heure, ne m’eût chargé de tout révéler après sa mort et celle de Sanche, laquelle il ne croyait pas si proche qu’elle l’a été. Sachez donc que M. d’Alvimar, issu par sa mère d’une noble famille, et autorisé par le secret de sa naissance à porter le nom de l’époux de sa mère, était, en réalité, le fruit d’une coupable intrigue avec Sanche ancien chef de brigands devenu cultivateur.

— En vérité ! s’écria le marquis. Vous m’expliquez là, monsieur le recteur, les dernières paroles de Sanche. Il prétendait me sacrifier à la mémoire de son fils ! Mais comment ceci entrait-il dans la confession de M. d’Alvimar, à moins qu’il ne se crût obligé à faire celle des autres ?

— M. d’Alvimar dut m’avouer sa situation vis-à-vis de Sanche pour m’arracher le serment de ne point livrer au bras séculier celui qu’avec honte et douleur il appelait l’auteur de ses jours. Il l’appelait aussi l’auteur de son crime et de ses infortunes.

» C’était cet homme cruel et pervers qui l’avait rendu complice de la mort de votre frère, qui en avait eu la