Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/211

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— Sans doute ! dit Bois-Doré en souriant. Vous saviez fort bien que M. le Prince voulait pour lui seul mon prétendu trésor, et qu’il n’était point homme à le laisser passer par les mains de pareils dépositaires.

M. Poulain supporta le reproche et baissa la tête avec une expression feinte ou sincère de repentir et d’humilité.

Pressé de poursuivre son récit, il raconta comme quoi le capitaine Macabre avait ouvert la motion de lui faire sauter la tête sans autre cérémonie, pour l’empêcher de parler, et comme quoi les bohémiens s’étaient jetés sur lui pour lui prendre ses habits avant que son sang les eût gâtés.

— Ce débat, ajouta M. Poulain, me sauva la vie ; car Sanche eut le temps d’ouvrir un autre conseil. C’est lui qui me garrotta, et ensuite m’emprisonna comme vous savez. Mais quel moyen de salut ! Il me sembla pire qu’une mort soudaine et violente, lorsque, sans me donner ni espoir ni secours, l’infâme quitta Brilbault avec ses bohémiens pour se porter à l’attaque de votre château.

— Et que fit-on, je vous prie, dit le marquis, du corps de d’Avilmar ?

— Je comprends, répondit le recteur avec un pâle sourire où perçait malgré lui un reste d’aversion, que vous ayez intérêt à le retrouver en cas de procès criminel. Mais songez que ce ne serait pas là une preuve que l’on ne pût retourner contre vous. Si l’on voulait mentir, on serait libre de dire que vous avez enseveli là votre victime avec l’aide de votre ami, M. Robin. Il ne vous faut donc, monsieur le marquis, chercher votre sécurité future que dans ma loyauté, dont je vous offre le concours.

— À quelles conditions, monsieur le recteur ?