Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/212

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— Des conditions ! je n’en fais plus, mon frère ! De ce jour, je suis reclus et retiré du monde. J’ai imploré de votre bonté l’abbaye de Varennes.

— Ah ! ah ! dit Bois-Doré, l’abbaye ? C’était une simple cellule qu’il vous y fallait tout à l’heure ?

— Laisserez-vous tomber en ruine une abbaye si vénérable, et confierez-vous à des rustres la direction d’une communauté appelée à donner de bons exemples au monde ?

— Allons, j’entends ! Nous verrons, monsieur le recteur, comment vous vous conduirez à mon égard, et vous serez satisfait amplement, si j’ai lieu de l’être. Jusque-là, vous ne me direz sans doute point où est enseveli l’assassin de mon frère ?

— Pardonnez-moi, monsieur, répondit le recteur, qui avait trop d’esprit pour vouloir paraître marchander, et qui, d’ailleurs, s’efforçait réellement de s’arracher aux passions et aux orages du siècle, pourvu que ce ne fût pas dans des conditions trop dures : je vous dirai ce que j’ai vu. Sanche parut fort pressé de soustraire le cadavre à quelque profanation de la part des bohémiens. Il leva une dalle dans le milieu de la salle où nous étions, et c’est là que certainement il a donné la sépulture à son fils. Pour moi, je n’ai rien vu de plus : on m’a entraîné à mon horrible cachot, où j’ai langui dans des alternatives de désespoir et de défaillance durant dix-huit heures.

Le marquis et le recteur se séparèrent en bons termes, et le dernier fit un effort pour se lever et procéder à l’enterrement des morts de sa paroisse. Mais, après la cérémonie, il se trouva si mal, qu’il fit demander maître Jovelin, dont on lui vantait les baumes et les élixirs, comme faisant miracle dans la circonstance.