Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/221

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que le chant des rossignols, vit accourir Mercédès effrayée.

— Venez, venez, ma bien-aimée dame, dit la Morisque en entourant de ses bras sa jeune amie ; tâchons de fuir, on ne vous prendra qu’après m’avoir tuée.

— Et moi donc ! s’écria Mario en ramassant sa petite rapière, dont il s’était débarrassé pour jouer. Mais qu’est-ce donc, Mercédès ?

Mercédès n’avait pas le temps de s’expliquer. Elle savait que l’huis était gardé par les soldats de la prévôté ; elle voulait essayer de rentrer au château en cachant Lauriane sous sa mante, et de la faire évader par le passage secret.

Mais l’entreprise était impossible, et Mario s’y opposa en voyant que l’huisset était également gardé.

Pendant qu’ils délibéraient, le marquis était fort en peine : il avait déclaré aux agents de la prévôté, qui lui exhibaient leurs pouvoirs en bonne forme, que madame de Beuvre était sortie à cheval avec son fils. Mais, comme on exigeait sa parole d’honneur et qu’il feignait d’être offensé du soupçon, afin de se dispenser de faire un faux serment, le soupçon grossissait, et, tout en lui demandant humblement pardon, on gardait les huis au nom du roi, et on procédait à de minutieuses perquisitions dans la maison.

La garde prévôtale de La Châtre n’était pas si nombreuse et si bien équipée qu’elle eût pu envoyer une grosse troupe à Briantes.

En outre, officiers et soldats obéissaient à contrecœur, et eussent fort souhaité de ne point fâcher le bon M. de Bois-Doré. Mais ils craignaient d’être dénoncés à M. le Prince, qui était fort redouté dans la ville et dans le pays.