Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/242

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pourpoint neuf ; car ils sont aussi enfants l’un que l’autre.

— Mon cher père, dit Lauriane, il ne m’est plus possible de plaisanter sur le marquis. Il a été pour moi plus qu’un père, quelque chose comme un père, une mère et un frère tout ensemble : tant il a mis de protection, de tendresse et d’aimable gaieté dans ses façons avec moi ! Si Mario n’est qu’un enfant, ce n’est toujours pas un enfant comme les autres. C’est une fille pour la douceur et la finesse des attentions ; et c’est un homme pour le courage, car vous savez ce qu’il a fait et comme, en plus, il est savant pour son âge. Il nous en remontrerait à tous deux !

Oui-dà, ma fille ! s’écria de Beuvre en frappant sur son ventre, vous voilà trop coiffée des beaux messieurs de Bois-Doré, et il me semble que je ne suis plus grand’chose à vos yeux. Vous paraissez compter leur chagrin pour beaucoup et mon consentement pour rien, puisque vous me faites la sourde oreille quand je vous parle de Guillaume d’Ars.

— Guillaume d’Ars est un bon ami, répondit Lauriane ; mais c’est un trop vieux mari pour moi. Il a trente ans bientôt, connaît trop le monde et me trouverait trop niaise ou trop sauvage. Sa recherche m’eût peut-être flattée avant la paix ; il aurait eu quelque mérite à nous offrir l’appui de son nom quand nous étions persécutés. Il en a peu aujourd’hui que nos droits sont reconnus et notre tranquillité assurée. Il en aura encore moins en persistant dans sa demande, à présent qu’il nous sait plus riches que nous ne l’étions.

De Beuvre essaya vainement de faire changer d’avis à sa fille. Il en fut fort contrarié ; car, au fond, à âge égal, il eût beaucoup préféré Guillaume à Mario. Un gendre