Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/243

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tout adonné à la vie physique et tout porté aux joies faciles et insouciantes lui convenait beaucoup mieux qu’un esprit cultivé et un caractère d’élite.

Lauriane se défendait, tout en se servant à chaque mot de la formule : « Votre volonté sera la mienne. » Mais elle comptait, en parlant ainsi, sur la promesse que son père lui avait faite, depuis son veuvage, de ne jamais forcer son inclination.

De Beuvre, devenu plus âpre aussitôt qu’il était devenu plus riche (cette transformation s’opère tout à coup dans l’âge mûr), avait grande envie de la prendre au mot et de dire : Je veux. Mais il n’était pas méchant homme, et sa fille était à peu près sa seule affection.

Il se contenta de l’ennuyer et de l’attrister beaucoup en lui parlant sans cesse de ces intérêts matériels dont elle l’avait cru si bien détaché lorsqu’il avait entrepris sa dernière croisade huguenote.

Elle ne céda pas, mais consentit, pour ne pas le blesser, à ne point éconduire Guillaume sans de grands ménagements, et à recevoir ses visites jusqu’à nouvel ordre.




LXVI


Les beaux messieurs demeurèrent huit jours sans revenir. Mario avait un peu de fièvre. Lauriane fut inquiète et pleura. Son père ne voulait pas la conduire à Briantes, disant qu’il n’était pas utile de laisser vivre les illusions. Il y eut entre eux un peu de dispute.