Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/256

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cœur à personne et affecta, durant le chemin, une grande sérénité.

À Briantes, le marquis l’interrogea adroitement, Mercédès imprudemment. Il tint bon, disant qu’il aimait beaucoup Lauriane, mais que ce chagrin ne prendrait ni sur sa raison ni sur son travail.

Il tint parole ; sa santé souffrit un peu. Il se soumit à tous les soins qu’on le pria d’avoir de lui-même, et il eut bientôt pris le dessus.

— J’espère, disait quelquefois le marquis à Adamas, qu’il ne sera pas trop sentimental et qu’il oubliera cette mauvaise enfant, qui ne l’aime point.

— Moi, j’espère, disait le sage Adamas, qu’elle l’aime plus qu’il ne paraît ; car, si notre Mario perdait l’espérance qui le fait vivre, nous pourrions bien avoir du souci !

En 1627, c’est-à-dire l’année suivante, le manoir de Briantes fut menacé d’une crise nouvelle. Il fut question de raser ses bonnes murailles, ses petits bastions et ses huis fortifiés.

Richelieu, désormais installé au pouvoir définitivement, avait décrété et fait ordonner la destruction des fortifications de villes et de citadelles par tout le royaume. Cette excellente mesure, prise dans toute sa rigueur, s’étendait « à toutes les fortifications faites depuis trente ans, ès châteaux et maisons des particuliers, sans permission expresse du roy. »

Briantes n’était pas dans ce cas ; ses défenses dataient de la féodalité et n’étaient pas à l’épreuve du canon. Les magistrats et échevins de La Châtre, mécontents d’avoir à se raser eux-mêmes, comme disait l’ex-perruquier Adamas, eussent bien voulu raser tous les beaux messieurs, leurs voisins. Mais Bois-Doré, qui sentait la nécessité