Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/257

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de se clore contre les bandes de partisans et de voleurs de passage, soutint ses droits et les fit respecter. Il était trop aimé de ses vassaux pour craindre qu’ils ne fissent comme ceux de beaucoup d’autres, qui se posèrent volontairement comme exécuteurs des ordres du grand cardinal.

La mesure était fort populaire, en même temps que fort absolue. C’était poursuivre l’esprit de la Ligue jusque dans ses repaires féodaux. Mais on n’exécuta les ordres que dans les pays protestants, et ce hardi décret resta sur le papier, comme beaucoup des fortes volontés de Richelieu.

Le Berry y échappa en faisant, comme toujours, le gros dos. M. le Prince ne laissa pas ôter une pierre de sa forteresse de Montrond ; les châteaux de la grande et de la petite noblesse restèrent debout, et la grosse tour de Bourges ne tomba que sous Louis XIV.

Bois-Doré était à peine remis de cette émotion, qu’il lui en vint une autre plus sérieuse et plus douce.

— Monsieur, lui dit un soir Adamas, il faut que je vous régale d’une histoire que M. d’Urfé eût mise en roman, car elle n’est point vilaine.

— Voyons ton histoire, mon ami ! dit le marquis en mettant son mortier de dentelle sur son crâne chauve.

— Il s’agit, monsieur, de votre vertueux druide et de la belle Morisque.

— Adamas, vous devenez pasquin et satirique, mon bonhomme. Point de calomnie, je vous prie, sur le compte de mon digne ami et de la chaste Mercédès !

— Eh ! monsieur, où serait le mal que ces honnêtes personnes fussent unies par les liens d’hyménée ? Sachez, monsieur, que ce matin, comme je rangeais la bibliothèque du savant… il ne veut souffrir que moi pour