Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/260

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— Eh ! pourquoi se défendre ainsi ? s’écria le marquis ; ne sait-il pas que je serai heureux de le marier avec cette belle et bonne personne ? Va le chercher, Adamas ; il se couche tard et sera encore debout. Mario dort, et c’est le bon moment pour une explication aussi délicate.




LXVIII


Le bon marquis n’eut pas de peine à confesser Lucilio.

Celui-ci avoua avec candeur qu’il adorait la Morisque depuis longtemps, et que, depuis quelque temps, il croyait être aimé d’elle ; mais, de sa plume concise, il résuma la situation.

D’abord, il avait craint d’attirer sur lui les persécutions auxquelles il n’avait échappé en France que par miracle. Puis, quand il lui avait paru prouvé que Richelieu, malgré toutes ses luttes contre la Réforme, avait pour politique inflexible de maintenir l’édit de Nantes en faveur de tout genre de liberté de conscience, il s’était décidé à attendre le mariage de Mario avec Lauriane ou avec quelque autre femme selon son cœur. Dans l’état d’espoir ou de regret, d’attente paisible ou de secrète agitation où pouvait se trouver son cher élève, il ne voulait pas lui donner l’égoïste et dangereux spectacle d’un mariage d’amour.

Le marquis approuva la généreuse prudence de son ami, mais il trouva un biais.