Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/264

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La jeune femme n’avait laissé de droits à aucune fortune, et les parents ne se souciaient, en aucune façon, de reconnaître un jeune homme élevé par un vieux hérétique mal blanchi.

Le marquis, outré, se le tint pour dit et résolut de rendre oubli pour mépris à ces vaniteux Espagnols. Il lui en avait assez coûté d’assiéger les portes d’une ambassade dont, à titre d’ancien protestant et de bon Français, il haïssait l’enseigne.

Et cependant il était triste et confiait ses peines à son inséparable Adamas.

— Certes, lui disait-il, la plus douce et la plus honnête vie est celle de la noblesse sédentaire. Mais, si elle convient à ceux qui ont bien payé de leur personne, elle peut devenir pesante et même honteuse à un jeune cœur comme celui de Mario. L’ai-je fait élever avec de grands soins, avons-nous fait de lui, grâce à son génie précoce, un gentilhomme accompli et propre à toutes choses, pour l’ensevelir en une gentilhommière, sous prétexte qu’il n’a pas besoin de faire fortune et qu’il a le cœur doux et humain ? Ne lui faudrait-il pas un peu de guerre et d’aventure, et, par quelque action d’éclat, conquérir ce marquisat que les idées de rangement universel du grand cardinal peuvent bien lui enlever d’un jour à l’autre ? Je sais que l’enfant est bien jeune, et qu’il n’y a point de temps perdu encore ; mais ses inclinations ne semblent tournées vers le beau savoir, et je me tracasse l’esprit du chemin qu’il y trouvera pour se distinguer.

— Monsieur, répondit Adamas, si vous croyez que votre fils sera plus manchot que vous à la bataille, c’est que vous ne le connaissez guère.

— Je ne connais pas mon fils ?