Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/278

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les parfums et les fers à papillotes de son maître, pas davantage !

Sauf un peu de frisure à ce qui lui restait de cheveux sur la nuque, et quelques eaux de senteur pour son agrément particulier, le marquis était désormais aussi simple qu’on l’avait vu naguère éblouissant. Plus de perruque, plus de fard, presque plus de dentelles, de cannetilles, broderies et larges galons ; un grand pourpoint de drap carmélite à manches ouvertes, le haut-de-chausses pareil, tombant au-dessous du genou, des bottes serrées autour de la jambe avec la manchette de linge uni retombant sur le retroussis, un large rabat sans broderie, et sur le tout une vaste et solide cape fourrée, tel était le costume du beau monsieur de Bois-Doré.

Cette métamorphose s’expliquera ici en peu de mots.

Mario avait eu un duel pour corriger un impertinent qui s’était moqué, en sa présence, du masque de plâtre, des cheveux noirs et des mille rosettes du marquis. Mario avait fort maltraité cet homme ; ce fut sa première affaire ! mais Bois-Doré, informé après coup de l’aventure, ne voulut pas exposer son fils à recommencer. Il supprima un jour, tout à coup et sans avertir personne, son teint et sa perruque, sous prétexte que M. de Richelieu avait raison de proscrire le luxe, et qu’il fallait donner le bon exemple. Ainsi résigné à paraître vieux et laid, il se présenta héroïquement à sa famille. Mais, à sa grande surprise, tout le monde poussa une exclamation de plaisir, et la Morisque lui dit naïvement :

— Ah ! que vous êtes bien, mon maître ! je vous croyais beaucoup plus vieux que vous ne l’êtes !

La vérité est que, sous son masque, le marquis s’était fort bien conservé, et qu’il était extraordinairement