Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol2.djvu/70

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Lucilio lisait au coin du feu, ne se laissant pas distraire par les rires des enfants, mais se trouvant agréablement bercé dans ses profondes rêveries par cette musique fraîche et charmante, à laquelle son cœur tendre et son oreille mélodique étaient particulièrement sensibles.

Depuis qu’il avait fait le devin en présence de M. le Prince, les enfants l’appelaient M. l’astrologue, et le taquinaient en paroles pour le faire sourire. L’aimable savant souriait tant qu’on voulait, sans se déranger de son travail d’esprit, la bienveillance de son caractère et la douceur de ses instincts demeurant, pour ainsi dire, unies à son corps, et parlant à travers ses beaux yeux italiens, même quand son âme était en voyage dans les sphères célestes.

Adamas, qui malgré son adoration pour son petit comte, s’ennuyait jusqu’à la mélancolie, en l’absence de son divin marquis, errait par l’escalier et le préau, comme une âme en peine, lorsqu’il entendit enfin le trot retentissant de Pimante et de Squilindre, et les plaintes des cailloux du chemin, broyés sous les roues de la monumentale carroche comme des noix sous le pressoir.

— Voilà monsieur qui arrive ! s’écria-t-il en ouvrant la porte du salon avec autant de bruit et de joie que si le marquis eût été absent pendant une année et il courut à la cuisine pour en rapporter lui-même une sorte de punch réchauffant, composé de vin et d’aromates, savante et agréable boisson dont il se réservait le secret, et à laquelle il attribuait la bonne mine et la verte santé de son vieux maître.

Le bon Sylvain embrassa son fils, et salua tendrement sa fille, serra la main de son astrologue, but le cordial que lui présentait son bon serviteur, et, ayant ainsi contenté