Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/156

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dans le Midi avec une bonne nourrice qu’on avait bien payée, mais qui a parlé plus tard. — Tout cela est-il exact, monsieur Charles, et suis-je bien informé ?

Je ne pouvais nier en présence d’Ambroise, qui m’eût contredit. Je baissai la tête, Roger continua.

— J’ai hâte de vous dire que mon père, revenu à l’état lucide, ne voulait aucun mal à son pauvre enfant. Il lui a toujours fourni le nécessaire, le nécessaire seulement ; mais il a approuvé que plus tard Charles l’amenât ici pour qu’il fût élevé par de braves gens et même pour qu’il fût élevé dans sa propriété, et ceci demande explication. Il avait signé à Charles, pour sa décharge en cas de besoin, une déclaration tendant à établir qu’il ne méconnaissait pas les droits de son fils aîné, et qu’il le faisait élever à la campagne par de pauvres gens pour lui faire une bonne santé et le préserver du mal héréditaire. Cette déclaration doit exister, Charles l’a encore.

— M. le comte le croit ! répliquai-je. Comment le saurait-il ?

— Mais tu ne nies pas qu’elle n’ait été en ta possession ? La nourrice a voulu la voir et l’a vue ! Eh bien, voilà toute l’histoire, Gaston doit savoir le reste. Ambroise le sait du moins. Il sait que ma pauvre mère, à qui on a fait croire que son enfant avait péri dans la Loire avec sa nourrice, ne s’est consolée qu’en me donnant la vie. Elle avait