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les sept cordes de la lyre

L’esprit de la lyre. Si tu veux m’aimer, ô Hélène, si tu oses me prendre et m’enfermer dans ton intelligence, je consens à m’y perdre, à m’y absorber à jamais. Alors, nous serons liés par un indissoluble hyménée, et ton esprit me verra face à face. Ô Hélène, aime-moi comme je t’aime ! L’amour est puissant, l’amour est immense, l’amour est tout : c’est l’amour qui est dieu ; car l’amour est la seule chose qui puisse être infinie dans le cœur de l’homme.

L’esprit d’Hélène. Si l’amour est dieu, il est éternel. Notre hyménée sera donc éternel, et ma mort n’en brisera pas les liens. Parle-moi ainsi, si tu veux que je t’aime ; car la soif de l’infini me dévore, et je ne puis concevoir l’amour sans l’éternité !

Chœur des esprits célestes. Approchons-nous, entourons-les, planons sur leurs têtes ! Que la grâce et la puissance de Dieu soient ici avec nous ! L’heure fatale approche, l’heure décisive pour notre jeune frère captif au sein de la lyre ! Doux esprit de l’harmonie, que ne peux-tu nous voir et nous entendre ! Mais tes liens avec nous sont brisés, les cordes d’or et d’argent ne nous évoquent plus ; l’amour seul nous ramène près de toi. Mais l’amour terrestre t’a envahi et t’a ravi la mémoire. Tu ne nous connais plus ; ta douloureuse épreuve s’accomplit, ton sort est dans les mains d’une fille des hommes. Puisse-t-elle rester fidèle aux instincts divins qui l’ont préservée jusqu’ici de l’amour terrestre ! Ô puissances du ciel ! réunissons-nous, embrasons l’air du battement mélodieux de nos ailes !

albertus. La voilà encore ravie en extase, comme si elle entendait dans le silence un langage divin. Oh ! qu’elle est belle ainsi ! Oui, son âme est ouverte aux