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les sept cordes de la lyre


Scène IV. — HANZ, CARL, WILHELM, ALBERTUS.

ALBERTUS. Soyez les bienvenus, mes chers enfants ! J’admire votre exactitude. Autrefois, j’étais souvent obligé d’aller vous éveiller, et maintenant à peine me laissez-vous le temps de dormir.

HANZ. Mon cher maître, si nous sommes venus d’aussi bonne heure sans crainte de vous réveiller, c’est qu’en passant sous vos fenêtres nous avons entendu de la musique.

ALBERTUS. Vous raillez, mon cher Hanz. Personne dans ma maison ne connaît la musique, et vous savez que je suis un barbare sous ce rapport.

WILHELM. C’est précisément pourquoi nous avons été fort surpris d’entendre une harmonie vraiment admirable sortir de votre appartement. Nous avons cru que vous aviez enfin consenti à faire apprendre la musique à Hélène, et qu’il y avait ici quelque habile professeur de harpe ou de piano, quoique à vrai dire nous n’ayons pu nous rendre compte de la nature de l’instrument qui produisait les sons enchanteurs dont nos oreilles ont été frappées.

ALBERTUS. Parlez-vous sérieusement ? Il n’y a chez moi aucun autre instrument de musique que cette vieille lyre d’Adelsfreit, et vous savez qu’elle est en trop mauvais état pour produire un son quelconque. Cependant, je vous dirai que tout à l’heure, tandis que je dormais encore, j’ai cru aussi entendre une admirable mélodie. J’ai attribué cette audition à un songe : mais je commence à croire que quelque musicien est venu s’établir ici près.