Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/103

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Surpris de cette prompte détermination de la part d’un homme qui ne me connaissait pas, je demandai à faire mes réflexions, et j’ajoutai que, si j’acceptais, ce serait à la condition de ne m’engager que pour un mois. Je n’étais pas persuadé que sir Richard eût besoin de dépenser dix mille francs par an pour un médecin spécial, s’il pouvait guérir tout seul.

Mes scrupules augmentèrent son désir de m’accaparer.

— Je vous donne huit jours de réflexion, me dit-il : il vous faut le temps de prendre des informations sur mon compte, mais je n’accepte pas votre mois d’épreuve. Je suis seul juge du besoin moral que je puis avoir d’un médecin. Tenez, allez consulter vos amis, votre famille, et, si c’est non, écrivez-moi poste restante à Perpignan dans huit jours ; si c’est oui, venez m’y rejoindre.

Il me donna sa carte ; je partis dès le lendemain pour Pau.

Ma mère fut très-surprise et tressaillit au nom de sir Richard Brudnel.

— Lui, s’écria-t-elle, sir Richard ! je le croyais fixé en Angleterre pour toujours, et tu dis qu’il est marié ?

Elle me fit beaucoup de questions sur sa femme et sur lui. Quand j’eus dit le peu que je savais de