Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/167

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présente mon respect comme à la future madame Brudnel, et je ne vous remercie point de vos confidences que je n’ai point provoquées. Faudra-t-il dire à votre futur époux qu’il se dépêche de vous initier à certains mystères dont vous déclarez naïvement attendre la révélation avec une louable impatience ?

— Comme vous voudrez ! répondit-elle d’un ton fâché.

Je crus voir une larme dans ses yeux, et je me hâtai de sortir, fermant involontairement avec un peu de brusquerie la porte derrière moi.

J’étais fort agité, je n’y voulus pas faire attention, j’avais la prétention de travailler. Cela me fut impossible. Je me persuadai avoir besoin de dormir, je ne dormis pas. Au moins je me calmai et fis en dépit de moi-même mon examen de conscience. Pourquoi donc, en retrouvant avec surprise Manuela dans Héléna, avais-je senti redoubler mon dédain, ma méfiance, mon besoin de pédante critique à l’égard de cette inoffensive personne ? Étais-je naturellement pédagogue ? Nullement ; j’étais porté à l’examen, et l’examen amène l’indulgence, la méfiance de soi, la tolérance pour les autres. D’ailleurs cette malheureuse fille d’Antonio Perez, que j’avais crue souillée et perdue, que je retrouvais réhabilitée au point d’être à la