Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/319

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réponds, elle sera heureuse et bien élevée. Le temps et la bonne conduite effacent les soupçons ; un moment, que tu peux hâter par ta volonté, viendra où tu pourras la rapprocher de toi sans qu’on sache qui elle est. Pour cela, il faut retourner chez ton mari, dire que tu as voulu mourir, mais que tu n’en as pas eu le coupable courage, et que tu es venue me trouver, moi ton ancienne amie… L’effroi qu’aura causé ta disparition forcera ta belle-mère à des ménagements, et, quant à ton mari, malgré ses violences, il t’aime encore, et avec de la patience et de la soumission tu peux gagner beaucoup sur lui. La vie est toujours possible à qui fait son devoir. Il faut rompre avec M. Brudnel, crois-moi, il le faut absolument, il faut même lui cacher l’existence de l’enfant…

» — Non ! non ! s’écria Fanny, je veux au contraire qu’il en soit informé. J’ai prévu que je pourrais mourir en couches, et je lui avais écrit une lettre… Depuis, j’en ai écrit une autre de chez la Ramonde pour lui dire la naissance de Jeanne.

» — C’est une effroyable imprudence ; donne-moi ces lettres !

» — Il y en a d’autres, il y a toutes celles que Richard m’a écrites. C’est la seule chose que j’aie emportée de Mauville.