Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/40

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vaise religion, on ne t’a pas appris cela, et tu m’aimes fort peu.

— Je t’aime très-tendrement au contraire.

— Mais pas de toute ton âme ?

— J’en dois une bonne partie à nos père et mère, s’il te plaît !

— Je te permets cela, mais je ne veux pas d’autre partage.

— Tu veux que je ne me marie point ?

— Non, je ne le veux pas, je te le défends ! J’en mourrais de chagrin.

— N’en meurs pas, je n’ai jamais eu moins envie de me marier qu’à présent. Jusqu’à ce que l’idée m’en vienne, tu as le temps de devenir une personne raisonnable et de comprendre ce que c’est que la vie sur laquelle tu n’as, je le vois, que des idées bizarres. À mon avis, on t’élève bien mal chez les nonnes, et tu ferais mieux de rester chez ta mère toute l’année.

— J’y resterai.

— Cela a été décidé ? tant mieux !

— C’est moi qui le décide à l’instant même, puisque tu le désires.

— Tu te moques de moi quand je te parle raison !

Elle fondit en larmes, et je n’en pus obtenir un mot de plus. Je la trouvais incompréhensible et m’alar-