Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/52

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relativement à cette personne sur la tombe de laquelle elle venait de prier et de pleurer.

Cette fois, elle n’évita pas de répondre.

— Fanny Ellingston, nous dit-elle, était une orpheline anglaise, parente de la marquise douairière de Mauville, laquelle était Anglaise aussi. Recueillie dès son enfance par cette dame, Fanny était de mon âge et fut élevée avec moi. Elle ne possédait rien au monde mais elle était belle et charmante, intelligente et d’une bonté adorable. Nous nous aimions comme deux sœurs. Nous nous préférions l’une l’autre aux filles de la douairière et surtout au jeune marquis, dont le caractère turbulent et impérieux nous effrayait. Pourtant il arriva que ce jeune marquis épousa Fanny Ellingston malgré l’opposition de sa mère. Il l’aimait beaucoup et se fit aimer, bien qu’elle le craignît encore. Il était très-violent ; ils ne furent pas bien heureux ensemble. Peut-être se fût-on mieux entendu plus tard, mais elle tomba malade à Bordeaux, et j’ai eu la douleur de la voir expirer dans mes bras, car, bien que je fusse mariée et tout près de mettre Jeanne au monde, elle m’avait appelée auprès d’elle, et je ne m’étais pas fait prier, comme vous pouvez croire.

Je regardai Jeanne, qui écoutait cette histoire avec une avide émotion. Ce que notre mère venait de dire