Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/131

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— Non, j’aime mieux ne pas le connaître d’avance. Si je le prends tout de suite en amitié, je n’aurai aucun mérite à me charger de lui.

— Mais, si vous retournez à la Canielle pour voir votre ami, vous ferez connaissance avec l’enfant malgré vous ?

— Voulez-vous que je n’y retourne pas ?

— Au contraire ! Quel jour y viendrez-vous ?

— Après-demain, sauf votre bon plaisir, car il est possible que mes promenades de ce côté vous importunent.

— Nullement ! Le pays n’est pas à moi matériellement parlant, et la présence de votre ami, qui m’est tout à fait étranger, ne me gêne en aucune façon. Le premier jour, j’en ai été un peu contrariée. Les touristes et les peintres ne viennent jamais chez nous ; mais j’ai su très-vite qu’il était artiste sérieux, et, à présent que vous le déclarez votre ami, je suis tout à fait en confiance.

On nous interrompit. Il en était toujours ainsi. L’impossibilité de causer longtemps avec elle était le grand obstacle et le principal supplice de ma situation.

— Nous ne confierons pas notre projet à Erneste, me dit ma tante quand nous fûmes rentrés. Elle rit de tout, et Dieu sait quelles mauvaises pensées la petite Malbois pourrait lui mettre dans l’esprit à ce sujet. Je suis désolée de la voir liée avec cette jeune fille, que je ne crois pas meilleure que sa mère.

— Elles ne seront peut-être pas liées longtemps, répondis-je.

— Pourquoi cela ?

Je fis part à ma tante de diverses circonstances qui