Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/251

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en regardant l’ensemble du paysage, on ne soupçonne pas toujours la profondeur et l’étendue. Elles sont richement plantées et habitées sur tout leur parcoure sinueux et encaissé. On y descend par des chemins en pente rapide que l’on appelle quelquefois échelles, et où les voitures et les excellents chevaux du pays s’engagent résolument à fond de train. On les appelle aussi valleuses quand elles aboutissent à la mer, où elles déversent leurs eaux dans une brisure plus ou moins étroite de la falaise, quelquefois par une arcade de rochers d’un grand effet théâtral. Ces vallons sont le sanctuaire d’une admirable végétation que l’homme respecte comme condition de sécurité. Sans cette ombre épaisse au moyen de laquelle on se crée sur les hauteurs environnantes un climat factice, le pauvre habitant des valleuses serait la proie des rafales et des éboulements. Aussi ne voit-on point là d’arbres mutilés et tout ce qui veut pousser pousse avec exubérance. Le moindre pâturage est une forêt vierge, et l’amour avec lequel on y a pressé et enfoui les maisons donne une idée de ce que pouvait être la vieille Gaule au temps où l’homme, vivant de pêche et de chasse, était loin de faire la guerre aux arbres et aux épais buissons, fortifications naturelles qui cachaient son refuge à l’ennemi du dehors. Dans ce temps-là, il n’est pas probable qu’on habitât beaucoup les lieux découverts, et qu’on eût trouvé la science des talus artificiels portant de triples rangées d’arbres destinées à amortir les coups de l’aquilon et à protéger l’étable, le hangar et le bataillon sacré des pommiers à cidre. On vivait plus simplement sous le chaume, tapi lui-même sous les longues ramures du chêne dix fois séculaire. Le Gaulois Matho devant Carthage, accablé