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Page:Sand - Mauprat.djvu/217

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XIII


Vous pensez bien que les hommages dont ma cousine était entourée rallumèrent dans mon sein la jalousie assoupie. Depuis qu’obéissant à son ordre je m’étais livré à l’étude, je ne saurais trop vous dire si j’osais compter sur la promesse qu’elle m’avait faite d’être ma femme lorsque je serais en état de comprendre ses idées et ses sentiments. Il me semblait bien que ce temps était venu, car il est certain que je comprenais Edmée, mieux peut-être qu’aucun des hommes qui lui faisaient la cour en prose et en vers. J’étais bien résolu à ne me plus prévaloir du serment arraché à la Roche-Mauprat ; mais la dernière promesse faite librement à la fenêtre de la chapelle, et la conclusion que je pouvais tirer de l’entretien avec l’abbé, surpris par moi dans le parc de Sainte-Sévère ; mais l’insistance qu’elle avait mise à m’empêcher de m’éloigner d’elle et à diriger mon éducation ; mais les soins maternels qu’elle m’avait prodigués durant ma maladie, toute cela ne me donnait-il pas, sinon des droits, du moins des motifs d’espérance ? Il est vrai que son amitié était glaciale dès que ma passion se trahissait dans mes paroles ou dans mes regards ; il est vrai que, depuis le premier jour, je n’avais pas fait un pas de plus dans son intimité ; il est vrai aussi que M. de La Marche venait souvent dans la maison, et qu’elle lui témoignait, toujours la même amitié qu’à moi, avec moins de