Page:Sand - Mauprat.djvu/61

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haine et de leur envie. Quoique don Marcasse (on l’appelait don parce qu’on lui trouvait la démarche et la fierté d’un hidalgo ruiné), quoique don Marcasse, dis-je, eût été impénétrable à cet égard comme à tous les autres, les Mauprat Coupe-Jarret ne manquaient pas de l’amadouer toujours davantage, espérant tirer de lui quelque chose de relatif à Mauprat Casse-Tête.

Nul ne pouvait donc savoir les sentiments de Marcasse sur quoi que ce soit ; le plus court eût été de supposer qu’il ne se donnait pas la peine d’en avoir aucun. Cependant l’attrait que Patience semblait éprouver pour lui, jusqu’à l’accompagner durant plusieurs semaines dans ses voyages, donnait à penser qu’il y avait quelque sortilège dans son air mystérieux, et que ce n’était pas seulement la longueur de son épée et l’adresse de son chien qui faisaient si merveilleuse déconfiture de taupes et de belettes. On parlait tout bas d’herbes enchantées, au moyen desquelles il faisait sortir de leurs trous ces animaux méfiants pour les prendre au piège ; mais, comme on se trouvait bien de cette magie, on ne songeait pas à lui en faire un crime.

Je ne sais si vous avez assisté à ce genre de chasse. Elle est curieuse, surtout dans les greniers à fourrage. L’homme et le chien grimpant aux échelles, et courant sur les bois de charpente avec un aplomb et une agilité surprenants ; le chien flairant les trous de murailles, faisant l’office de chat, se mettant à l’affût, et veillant en embuscade jusqu’à ce que le gibier se livre à la rapière du chasseur ; celui-ci lardant des bottes de paille, et passant l’ennemi au fil de l’épée : tout cela, accompli et dirigé avec gravité et importance par don Marcasse, était, je vous assure, aussi singulier que divertissant.

Lorsque j’aperçus ce féal, je crus pouvoir braver le