Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/111

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me trouver là, et elle n’en parut ni honteuse ni inquiète.

Avec une franchise calme et vraiment sainte, elle me tendit la main.

— Vous soignez ma pauvre enfant ? dit-elle. Merci. Vous êtes très-bon ! Pour votre récompense, apprenez que M. Sylvestre n’aura, j’espère, rien de bien grave. J’ai laissé le médecin et madame Laroze près de lui ; mais vous ferez bien d’y retourner, si vous pouvez, et de lui porter quelques objets qu’il n’a pas. Tenez, une bonne couverture, nous en avons assez pour nous… et puis du sucre… Attendez ! il lui faut encore une veilleuse, du linge, du sirop… Nous avons là de bon miel, du tilleul et des violettes pour la tisane ; je vais vous arranger tout cela dans un panier.

Elle emballa son envoi avec adresse et promptitude, tout en me demandant à voix basse si la crise de Zoé avait été bien grave ; puis elle me dit encore merci, et m’accompagna, sans pruderie, sans mystère, jusqu’au bas de l’escalier, en me recommandant de ne pas laisser parler M. Sylvestre. Il avait une espèce de fluxion de poitrine, mais très-douce et facile à combattre.

Ainsi mademoiselle Vallier n’est autre que mademoiselle Aubry ! Le petit monstre trapu et rougeaud que j’ai aperçu il y a quatre ans est devenu cette charmante fille, d’une tournure si élégante, d’un ton si fin, d’une grâce si accomplie ! J’aurais pu la voir et la fréquenter dix ans sans la reconnaître. Rien du passé ne subsiste plus en elle. Si fait pourtant, c’est bien le type vulgaire qui m’avait frappé, car elle n’est pas jolie comme type. Elle a le nez rond, sans distinction, la bouche grande, avec des lèvres trop retroussées. Elle a aussi le menton trop court et les pommettes trop sail-