Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/149

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à autre, en fille d’esprit, et sans s’occuper de la question de dogme. Veuillez me donner conseil : ferais-je bien, et accepterait-elle ?

— À coup sur, vous feriez bien, d’après tout ce qu’on vous a dit de mademoiselle Vallier ; mais comment puis-je savoir si elle accepterait ? je la connais si peu !

— Allons donc, sournois ! vous la voyez tous les jours.

— Vous vous trompez. Je la rencontre quelquefois par hasard avec l’ermite, nous causons à trois un instant, et elle s’en va seule.

— Mais quand vous l’avez soigné tous les deux ?

— Nous avons toujours été trois et quelquefois quatre auprès de lui. Le malade nous donnait beaucoup d’inquiétude ; nous lui sommes très-attachés. Les circonstances n’ont donc pas favorisé une liaison bien particulière.

— Diable ! je trouve que si !

— Trouvez ce que vous voudrez, mon cher Gédéon, mais je vous jure que je ne suis pas assez lié avec elle pour savoir si elle accepterait vos offres et pour lui donner le conseil de les accepter.

— Votre parole d’honneur ?

— Oui, ma parole d’honneur, répondis-je.

— Alors… vous ne pouvez m’aider, je vois ça ! Par qui diable lui ferai-je parler ? Si le vieux Sylvestre voulait ;… mais c’est un ours assez mal léché.

— C’est, au contraire, un homme charmant.

— Ah ! possible ! mais il ne l’est pas avec tout le monde. Si je vais chez cette demoiselle, elle ne me mettra pas à la porte ?

— Je ne sais pas.

— Elle est donc bien farouche ?