Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/150

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— Je n’ai pas eu l’occasion de m’en assurer.

— Je ne suis plus un jeune homme, que diable ! je suis un père de famille, un homme posé ! Si elle croit que je veux lui faire la cour, c’est une prude ! Je ne l’ai jamais vue ; elle est peut-être affreuse ! Comment est-elle ?

— Ni laide ni jolie, plutôt bien que mal, et très-distinguée.

— C’est ce qu’on m’a dit. Voyons ! quand on veut quelque chose, il faut le vouloir ferme. Vous pouvez me rendre un service ; conduisez-moi chez l’ermite, présentez-moi à lui comme un de vos amis ; qu’il vienne avec moi chez mademoiselle Vallier, qu’il assiste à mes propositions et qu’elle se décide. Au moins, ce soir, je saurai à quoi m’en tenir, et, si je dois renoncer à elle, je chercherai quelqu’un. Mes enfants ne peuvent pas rester longtemps sans direction, et, moi, je ne veux pas être esclave. Je n’aime pas à rester en place. Oh ! mademoiselle Vallier ne me verrait guère à la maison ; elle y serait seule pendant les trois quarts de l’année, car mes sœurs et moi n’y passons guère que trois mois, et je compte y laisser les enfants, même l’hiver ; l’air de Paris ne leur vaut rien. Voyez ! ce serait pour elle une vie de liberté, car ce serait une mission de confiance. Si elle aime la retraite, l’isolement, elle serait servie à souhait et sa malade pourrait guérir, grâce à un confortable réel. Enfin venez, allons chez ce toqué de Sylvestre !

Je ne pouvais refuser ; nous montâmes dans la voiture de Gédéon, et en vingt minutes nous étions à l’ermitage.

M. Sylvestre reçut très-froidement le seigneur de la Tilleraie. Il l’avait déjà éconduit, ainsi que ses hôtes.