Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/152

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

jusque chez mademoiselle Vallier et l’attendre à la porte pour avoir plus tôt sa réponse. Je vis que cette impatience un peu hautaine de l’homme riche qui croit tout aplanir avec de l’argent déplaisait à l’ermite, et je décidai Gédéon à aller attendre chez lui la réponse que je tâcherais d’être en mesure de lui porter bientôt.

Il voulut alors me mener déjeuner à la Tilleraie, disant que sa voiture serait à ma disposition pour revenir prendre la réponse de M. Sylvestre dans l’après-midi. Je sais que M. Sylvestre déteste les carrosses autour de sa thébaïde, et puis j’étais un peu inquiet de son opinion sur l’affaire qui venait d’être entamée. Je priai Gédéon de me laisser faire ma promenade accoutumée dans les bois et de ne m’attendre que le lendemain.

— Voyez-vous cet israélite rusé et passionné ! me dit M. Sylvestre dès que nous fûmes seuls. Je jurerais qu’il a très-bien vu mademoiselle Vallier, précisément parce qu’il s’empresse de nous dire le contraire. Il l’a désire, il la veut et il l’espère, et vous êtes sa dupe !

Le rouge me monta au visage. M. Sylvestre me révélait crûment la cause du malaise et de l’irritation que, depuis une heure, je sentais gronder et monter en moi.

— Eh bien, lui dis-je, je crois que vous avez raison ! Je n’osais pas m’arrêter à cette idée, mais la voilà qui m’apparaît aussi ! Pourtant… Gédéon a beaucoup aimé sa femme, et il n’y a pas assez longtemps qu’il l’a perdue…

— Votre Gédéon a des passions violentes, je vous dis. Je ne m’occupe pas de ce qu’on en pense et de ce qu’on en raconte dans le pays, mais l’ardeur de ses