Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/159

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joli est mou et fade à la longue. M. de Florian donne ici la main à M. Berquin. Il y a trop de verdure partout, et l’horizon est si court, si court, qu’on s’en lasse. J’en sais les contours par cœur, et les grands arbres se manièrent un peu. Et puis je ne vais plus être seul ; les Diamant viennent tous les dimanches, et il faut bien que je vive avec ces braves gens, qui me racontent beaucoup leur histoire. Je la sais à fond maintenant. Gédéon, qui est têtu, va me tourmenter pour que je voie son luxe et ses hôtes nombreux. Mademoiselle Vallier ne manquera pas d’adorateurs, si elle éprouve le besoin d’en avoir. Moi, je ne tiens pas à avoir tant d’amis ! Il n’y a que mon ermite qui me retienne ; mais peut-être en aurai-je assez dans quelque temps. Ses impressions sont trop soudaines, et sa volonté n’est pas à la hauteur de ses aperçus. Les hommes pratiques sont rares, et les hommes d’imagination ne feront jamais rien qui vaille.



XXIV

DE PIERRE À PHILIPPE


Vaubuisson, 12 juin.

Oui, je t’ai négligé, mon bon Philippe. J’ai beaucoup travaillé. Je suis devenu un peu dur envers ma question du bonheur. Je la traite du haut en bas, et j’élimine toute illusion décevante. M. Sylvestre perd de son influence, et je crois bien que ma résistance à