Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/17

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Tu vois que je finis ma lettre dans une autre disposition que celle où j’étais en la commençant. Je ne voulais songer à rien qu’à humer l’air de la liberté, et déjà je me dis qu’il faut chercher un gîte et un gagne pain. Je ne veux pas que tu m’offres quoi que ce soit. Je sais que tu as de vieux parents à nourrir et ta bonne mère à choyer. Je les volerais. Autant vaut donc que tu ne puisses pas m’écrire avant que je sois fixé ; cela ne tardera pas.

À toi de cœur.

Pierre Sorède.




II

DU MÊME AU MÊME


Vaubuisson, département de…, 6 février 64.

Me voilà installé provisoirement à quelques lieues de Paris, à la lisière d’un village, autant dire en pleine campagne, car je n’ai devant moi que des prés et des arbres. On dit que le pays est joli. Je n’en sais rien ; il pleut serré, et je ne distingue que les premiers plans. Si l’endroit est beau, tant mieux ; sinon, tant pis ; j’y suis, j’y reste jusqu’à ce que j’aie le moyen d’en sortir. Voici pourquoi et comment je suis ici. Je devais une misère à mon tailleur. J’entre hier pour m’acquitter.

— Comment ! me payer cela ? Déjà ? À quoi bon ? Est-ce que vous me retirez votre clientèle ?

— Oui. mon cher monsieur Diamant. Vous êtes à présent trop cher pour moi. Je suis ruiné de fond en comble.