Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/18

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— Votre oncle est mort sans tester en votre faveur ?

— Non ! grâce au ciel, il se porte bien : mais je l’ai impatienté, et je le quitte. Soyez tranquille, je ne me brûlerai pas la cervelle. J’espère même retrouver peu à peu assez d’aisance pour redevenir votre client. Prenez donc mon argent, et au revoir !

— Attendez, fit-il en me retenant par le bras. Venez là-haut. J’ai quelque chose à vous dire. Je le suis dans son entresol, un appartement écrasé, assez luxueux et où se répandait un peu généreusement une confortable odeur de cuisine.

— Est-ce toi, monsieur Diamant ? crie une voix de femme. Peut-on servir le dîner ?

— Oui, oui, servez, répond le tailleur à sa moitié. Et il me fait asseoir dans son salon en me disant avec effusion :

— Monsieur Sorède, vous allez accepter notre soupe ?

Je ne pus m’empêcher de rire.

— Est-ce par amitié ou par charité que vous m’offrez à manger ? Si c’est par amitié, j’accepte ; sinon, je vous jure que j’ai de quoi dîner pendant plus d’un mois.

— C’est par amitié, et, si vous refusez, je croirai que vous dédaignez de petits bourgeois comme nous, anciens ouvriers…

— Je reste, mon cher Diamant, je reste !

— Ah ! voilà qui est bien ! Ma femme, viens que je te présente… Non, mets un couvert de plus. Les enfants, où sont-ils ? Ah ! voilà les enfants ! Saluez monsieur. — N’est-ce pas qu’ils sont gentils ?

Les enfants n’étaient pas gentils ; mais ce brave Diamant me faisait si bon accueil, que je ne voulus