Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/208

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

plus vite le dialogue, se mit à rire comme rient les nègres, à gorge déployée et sans pouvoir s’arrêter. Heureusement, elle se mit à tousser ; sans quoi, nous y serions encore.

Enfin j’ai réussi à savoir par cette naïve enfant ce qui se passe entre Gédéon et mademoiselle Vallier. Il lui fait ouvertement la cour en présence de Zoé, qui, par l’ordre de sa maîtresse, ne la quitte jamais quand il vient comme moi flâner autour du pavillon. Jamais il n’y entre. Il ne parait pas avoir besoin d’être tenu à distance, il s’y tient de lui-même et se conduit absolument comme un homme qui veut épouser. La présence de Zoé ne le gêne pas du tout pour offrir son cœur et sa main, et même devant ses enfants, qu’il amène volontiers avec lui, il parle de ses projets de manière à n’être pas compris, mais dans un sens si honnête, qu’ils pourraient le comprendre sans rien perdre de leur respect pour Aldine et pour lui. Telle est du moins l’opinion de Zoé.

Quant à mademoiselle Vallier, elle lui répond comme si elle ne prenait pas l’offre au sérieux, et elle le décourage si bien, que Zoé s’en effraye et s’en désole.

— Maîtresse pas raisonnable, pas vouloir marier jamais. Beau M. Gédéon épouser une autre si ça continue !

Je n’ai pas osé faire de questions trop délicates, ni me montrer trop curieux. Je craignais aussi d’être surpris dans cette honteuse occupation de faire parler une suivante. Je me suis éloigné en affectant de l’empêcher d’en dire davantage, afin de lui donner envie d’en dire plus une autre fois. Je suis entré à la villa comme pour chercher un journal dans le salon. C’est