Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/213

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée



XXIX

JEANNE DE MAGNEVAL À MADEMOISELLE VALLIER


Paris, 22 juin.

Mon cher ange gardien, maman ira à l’ermitage après-demain, à deux heures de l’après-midi. Elle est si contente que son père consente à la recevoir, qu’elle en a remercié Dieu toute la matinée. Je crains même qu’à force de le bénir et de le prier, elle ne l’ait un peu ennuyé ; car enfin c’est bientôt fait de lui dire qu’on l’aime et qu’on est content, et je ne vois pas ce que trois heures passées dans un église ajoutent à la vérité de nos sentiments pour lui.

Chère amie, vous croyez donc que maman se prêtera à l’idée d’un voyage que je ferais avec mon grand-père ? Ce voyage sera-t-il amusant ? Je n’en sais rien ; mais si on y tient… Vous a-t-on reparlé de moi ? Il me semble qu’on ne me hait plus. Pourquoi me haïssait-on auparavant ! Est-ce à cause de mes cheveux rouges ? Non, tout le monde dit qu’ils sont beaux, et maman en est fière. C’est donc toujours ce mystère que personne ne veut me révéler ? Oh ! je finirai par le savoir, allez ! Mon grand-père ne sera pas si impénétrable que maman et vous. Je n’en aurai pas le démenti !

J’ai dit à maman tout ce que je vous avais dit de M. Pierre, je n’ai pas de secrets pour elle. Elle ne l’aime pas, elle ; mais elle dit que, s’il me plaît et que