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XXXII

DE PIERRE À PHILIPPE


L’Escabeau, 22 juin.

Mon ami Diamant, qui a été ce matin en grande conférence avec Gédéon à l’effet d’adoniser ses quarante printemps, est venu me voir en revenant de la Tilleraie. D’après lui, il faudrait croire que mademoiselle Vallier a écouté les sages conseils de sa petite Zoé, et que son mariage avec le châtelain est à peu près décidé. Les domestiques tiennent la chose pour certaine, et les vieilles sœurs le donnent à entendre sans y apporter le moindre obstacle. Comme elle doit être aujourd’hui en explications avec M. Sylvestre et que celui-ci est revenu de ses préventions sur le compte du prétendant, je pense bien que, ce soir ou demain, Gédéon viendra me faire la confidence de son bonheur, à moins qu’il ne craigne de m’affliger, car il est certain qu’il me redoute un peu. Il a grand tort, je ne suis pas assez l’ami de mademoiselle Vallier pour quelle me consulte, et, si elle me consultait, je lui répondrais qu’avant tout il faut être d’accord avec soi-même. Elle est raisonnable et positive. La richesse est un grand bonheur pour ceux qui l’aiment. L’occasion est magnifique. Gédéon a le mérite d’être amoureux : pourquoi hésiterait-elle ?