Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/24

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bois assez étendu, peu épais, et où percent des mouvements gracieux, des éclaircies moussues, quelques roches, des bouleaux plus élevés que le taillis, de petits sentiers de sable, des dépressions ravinées, des bruyères et quelques jeunes pins d’un vert sombre. Un pâle essai de soleil a jeté pendant quelques instans un reflet satiné sur tous ces petits mystères, et puis tout s’est fondu dans un brouillard doux, et la colline est devenue lilas, tandis que les grands arbres dépouillés des plans intermédiaires se faisaient blancs comme des nuages. Les plus rapprochés repoussaient de leur branchage noir finement dessiné ce tableau vague et charmant qui n’a pas tardé à s’éteindre. La pluie recommence, tout se voile et se perd ; plus de colline, plus de pommiers, les prés bleuissent, le chemin de sable devient blanc et brillant comme la rivière. Bonsoir à toi, mon ami. Je suis très-calme. Ma cheminée chauffe bien. Je vais penser à travailler. Tu peux m’écrire, tu dois m’aimer.

Pierre.





III

DE PHILIPPE TAVERNAY À PIERRE SORÈDE


Volvic (Puy-de-Dôme), 10 février 64.

Je ne suis pas sans inquiétude. Sauras-tu, pourras-tu, voudras-tu vivre ainsi le temps nécessaire ?… Ce serait merveilleusement arrangé si tu avais cinquante ans, un talent reconnu, une réputation faite. Se retirer