selle Vallier qui semblait lui dire : « Contenez-vous donc ! »
J’ai été les saluer sans affectation. Au bout d’un instant, mademoiselle Vallier m’a demandé si je restais à dîner.
— Oui, si votre question est une invitation.
Elle a paru surprise.
— Me prenez-vous donc pour la maîtresse de la maison ?
Jeanne s’est écriée follement :
— Si vous ne l’êtes pas encore, vous le serez bientôt !
Aldine est devenue très-pâle, elle s’est levée avec un léger haussement d’épaules, et, sans répondre, elle s’est dirigée vers son pavillon, me laissant cette fois, soit à dessein, soit par distraction, seul avec Jeanne. J’ai demandé à celle-ci pourquoi son amie semblait blessée d’entendre annoncer son prochain mariage.
— Que voulez-vous ! elle est d’une fierté si farouche ! Elle s’imagine qu’on l’accusera d’ambition ; mais, s’il y a de méchantes langues qui la déprécient, nous la défendrons, n’est-ce pas ?
— Vous la défendrez, vous qui connaissez ses sentiments. Quant à moi, je les ignore.
— Vraiment ! elle ne vous a pas confié, à vous, son ami, qu’elle aimait M. Nuñez très-sincèrement et pour lui-même ?
— Je ne me suis pas permis de le lui demander ; mais, puisqu’elle vous l’a dit et que vous me le répétez, je n’en doute pas.
— Elle ne me l’a pas dit, mais je le vois de reste, et, si vous ne le voyez pas, c’est que vous êtes aveugle.