Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/248

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— Je ne cherche pas à être clairvoyant : ce genre de curiosité n’est pas l’apanage de mon sexe.

— Voilà une épigramme !

— Non, c’est une réflexion.

— Dites que c’est un reproche ; vous me croyez curieuse.

— Si je vous avais assez étudiée pour avoir des reproches de détail à vous faire, c’est moi qui mériterais d’être accusé de curiosité indiscrète et de mauvais goût.

— En d’autres termes, vous ne m’avez jamais fait l’honneur de vous intéresser à moi ? Je me flattais du contraire. La fille de l’ermite et l’amie d’Aldine avait quelque droit à votre sympathie.

— C’est possible ; mais que feriez-vous de ma sympathie ?

— Vous me donneriez de bons conseils, vous m’en avez donné déjà.

— Vous ne les avez pas suivis.

— Je les ai dépassés. J’ai quitté…

— Oh ! ne vous vantez pas de cela ; personne ne vous engageait à quitter ainsi votre mère…

— Alors… vous me blâmez, vous ?

— Vous voulez que je vous le dise ?

— Oui, j’aime mieux savoir ce que vous pensez de moi.

— Eh bien, je vous blâme.

— Vous croyez que je n’aime pas ma mère ?

— Je le crois.

— Vous me dites cela d’un ton !… Vous voulez donc me la faire haïr ?

Elle accompagnait cette violente réplique d’un regard si étrange, si passionné ou si hautain, que je l’ai