Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/284

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

permets de vous écrire pour vous demander un conseil et peut-être un service.

Vous êtes, à ce que l’on m’assure, l’ami pour lequel mon neveu Pierre Sorède a la plus grande estime, la plus grande confiance et le plus grand respect. C’est donc de lui que je veux vous parler.

Quand ses parents moururent, ils ne laissèrent aucune fortune ; mais un frère de sa mère, M. le vicomte de Pongrenet, qui était un vieux garçon économe et assez riche, vivait encore ; il était sous le joug d’une servante-maîtresse qui le grugea tant qu’elle put et se fit léguer son bien. Toutefois, M. le vicomte eut un repentir, et, peu de temps avant sa mort, il vint me confier une somme de cent mille francs qu’il me pria de faire valoir sous mon nom. La personne avec laquelle il vivait ignorait l’existence de cette somme, et M. le vicomte désirait que ladite somme, dont il ne faisait aucune mention dans son testament, fût par moi remise à son unique neveu, Pierre Sorède, capital et intérêts, lorsqu’il aurait atteint l’âge de vingt-cinq ans. La preuve de cette volonté est constatée dans un billet de trois lignes dont je joins copie à cette lettre, et dont Pierre, qui prétend ne rien recevoir de moi, pourra voir l’autographe entre mes mains. Je tiens donc à sa disposition le capital de cent cinquante mille francs qu’il pourra toucher dans trois mois, afin de se conformer, quant à l’âge de vingt-cinq ans révolus, à la volonté expresse du testateur.

J’ai gardé, conformément à cette volonté, le secret absolu sur le dépôt placé entre mes mains. M. le vicomte craignait sa gouvernante, il craignait sa propre faiblesse ; il en était réduit à tromper cette femme